mercredi 20 octobre 2010

De la poésie grâce à Vincent de Longueville

Vincent a écrit une histoire des Chrétiens en vers : FORMIDABLE !
Madeleine lui a demandé l'autorisation d'inclure dans notre blog les strophes qui correspondaient à notre voyage. Je vous les livre ci-dessous : vous pouvez en usez sans modération !


Après J.C.
Histoire des chrétiens , vue de France

Le martyr d’Étienne

Lors on persécuta toute Église chrétienne.
On commença d’abord par lapider Étienne,
Qui, affrontant la mort sans cesser de prêcher,
Disait : « Seigneur ne leur compte pas ce péché. »
Cette lapidation n’allait que préluder
Au martyre de bien des Chrétiens de Judée.

La conversion de Saul

Saul était parmi ceux qui approuvaient ces crimes :
Il n’était pas un jour sans qu’il arrête et brime
Les meneurs exaltés de cette obscure secte
Qu’il voulait écraser comme un vulgaire insecte !

Or, il advint que Saul, qui était né à Tarse,
Marcha sur la Syrie avec quelques comparses,
Car il voulait aussi arracher des grimaces
De souffrance et de mort aux Chrétiens de Damas.
La nuit était entrée dans son heure première,
Lorsque Saul aperçut une grande lumière
Qui le désarçonna, sans que rien ne l’explique ;
Alors Saul entendit cette étrange supplique
Dans le ciel : « Saul, pourquoi me persécutes-tu ? »
Ensuite tout fut noir, ensuite tout se tut,
Mais le cœur du bourreau brillait de cet éclat
Qui marqua le début de son apostolat :
Saul poursuivit sa route et entra dans Damas
Où il mit tout son zèle à convertir les masses.
Alors Dieu s’appuya sur ses larges épaules
Pour courir l’univers sous le nom de saint Paul,
Et évangéliser les provinces lointaines,
De Rome à Césarée, de Corinthe à Athènes
De Tyr, Éphèse et Chypre, à Troie, Antioche et Malte :
Partout où il pouvait, il faisait une halte,
Annonçant l’évangile à toutes les peuplades
Écumant sans faiblir les îles des Cyclades,
Aveuglant à Paphos le sorcier Barjésu
Qui refusait de croire en l’amour de Jésus,
Et laissant après lui mille Églises éparses.
Ainsi ce citoyen romain issu de Tarse
Poussa-t-il si avant ses pérégrinations,
Qu’il gagna le surnom d’apôtre des nations.
……………………………………………………………………

LE TEMPS DES CROISADES (1098-1291 ap. J.C.)

Urbain II prêche la première croisade (1095)

Lorsque Jérusalem fut aux mains sarrasines,
Qu’on entendit vibrer le chant du muezzin
Sur le tombeau du Christ, et que la Ville sainte
Fut fermée aux Chrétiens par une vaste enceinte,
Le pape Urbain quitta soudain son Vatican
Pour se rendre en concile au pied des vieux volcans
Qui surplombent la ville austère de Clermont.
Alors il reprocha, dans un violent sermon
Aux Chrétiens d’occident d’être mauvais apôtres,
De se trop quereller les uns avec les autres,
Mais d’être des couards, des pleutres, des timides
Avec ces Musulmans appelés Fatimides.
Puis ayant dit cela, il finit par prêcher
À tous que le moyen d’expier son péché
Était de rendre à Dieu la ville de Sion
Et les lieux où le Christ souffrit sa passion.
Alors le petit peuple, en entendant le vœu
Lancé par Urbain II, s’écria : « Dieu le veut ! »

Les croisés marchent sur Jérusalem

Les combattants de Dieu burent quelques rasades,
Puis sans se retourner, partirent en croisade,
En laissant derrière eux chaumine ou château-fort.
Ils marchèrent sans trêve aux rives du Bosphore,
Où ils durent alors, étrange paradoxe,
Faire acte d’allégeance aux Chrétiens orthodoxes.

Enfin les baptisés, après bien des ahans,
Arrivèrent dans le pays de Chanaan
En longue caravane, ainsi que des bédouins,
Menés par Godefroy et son frère Baudouin.
Et malgré la fatigue et la soif et la faim
Et les chefs sans valeur, se querellant sans fin,
Les trahisons des grecs et les épidémies,
Et la folle chaleur et la fougue ennemie,
Les croisés exauçaient le vœu pieux du Saint-Siège.

Le siège d’Antioche (1098)

Mais pour rallier Sion, il fallut qu’ils assiègent
Antioche un an durant ; tant qu’on perdit courage :
Les chevaux expiraient par manque de fourrage,
Et les Francs s’enlisaient au poids de leurs armures,
Sous l’œil des Sarrasins enfermés dans leurs murs.
Oubliant le serment prêté à Urbain II,
Certains Francs désertaient ce combat hasardeux,
Lorsque, soudainement, leur foi fut raffermie
― Un moine marseillais, Pierre Barthélémy,
Sortit les chevaliers de leur folle indolence :
Trouvant, au fonds d’un puits, un ancien fer de lance,
Il déclara sitôt que c’était le pilum
Qui transperça, jadis, le flanc du Fils de l’Homme.
Alors les chevaliers crurent à ce mirage
Et, montrant au combat une nouvelle rage,
Prirent la citadelle, et marchèrent au sud,
En dépit de la soif et des corps qui exsudent,
Puis gagnèrent aussi les villes portuaires
Jalonnant le chemin menant aux sanctuaires.

La prise de Jérusalem (1099)

Puis le siège fut mis devant Jérusalem :
La prise de Sion devait être l’emblème
De la gloire de Dieu et marquer la défaite
D’Allah et Mahomet, son prétendu Prophète.
Depuis un mois déjà, le Maure résistait
Derrière ses remparts consolidés d’étais,
Lorsqu’on se décida à bâtir des beffrois
Pour attaquer la ville, et ce fut Godefroy
Qui prit pied le premier sur les murs de la ville.
Alors on vit surgir les instincts bas et vils :
La foule des Chrétiens s’adonna au pillage
Et ne laissa bientôt que morts dans son sillage.

Création des États latins d’Orient

Ensuite, au nom de Rome et de sa papauté,
On créa des comtés et des principautés :
Jérusalem, Sidon, Tortose, Édesse, Antioche ;
Et puis on fit sortir de terre, à coups de pioche,
D’immenses châteaux forts : les fiers hospitaliers
Bâtirent, en Syrie, le krak des chevaliers ;
L’Ordre des Templiers et l’Ordre teutonique
Fortifièrent bientôt les ports océaniques.

Les chevaliers croisés voulaient que Godefroy
De Bouillon les commande et devienne leur roi.
Alors il répondit : « Cette attention m’honore,
Mais je ne ceindrai pas une couronne en or,
Là où le Christ porta la couronne d'épines ».
Ensuite il fit bannir massacres et rapines,
Et régner la vertu, la justice et la paix
― Ses pires ennemis lui vouaient du respect.
Fort hélas ! Godefroy mourut empoisonné :
Un émir qu’il avait naguère emprisonné
Lui fit mordre une pomme et rendit son corps froid
― Et son frère Baudouin prit le titre de roi.

La chute de Jérusalem (1187)

Depuis quelques années, Renaud de Chatillon
Trahissait en esprit Godefroy de Bouillon
En attaquant sans cesse et sans salamalec
Les convois de chameaux se rendant à la Mecque.
Las ! Guy de Lusignan, roi de Jérusalem
N’eut pas l’autorité pour régler le problème,
Si bien que Saladin dut rompre l’armistice
Instaurée pour dix ans, et se faire justice.
À quelques temps de là, le sultan Saladin
Qui avait remonté les rives du Jourdain
Infligea aux croisés la défaite d’Hattin,
Qui marqua le déclin des royaumes latins.
Poursuivant les Chrétiens, aggravant leur déroute,
Il prit Acre et Sidon, Césarée et Beyrouth
Jaffa et Ascalon, enfin Jérusalem,
Laissant les chevaliers à la figure blême
Sortir de la cité et refluer vers Tyr,
En s’évitant ainsi d’en faire des martyrs.

Vincent de Longueville 2010

1 commentaire:

  1. Compte tenu de la qualité de ce texte, je crois pouvoir recommander, même si je ne l'ai pas encore lu, le livre de poésie de Vincent : "Petits récits fabuleux" qu'on trouve dans toutes les bonnes librairies

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